16/02/2010
Irak: le rire au milieu des décombres
Mille anges accompagnent Adam vers les cieux. Le voyage offre au premier homme un panorama imprenable sur cette terre qu'il connaît finalement peu. Les mille anges, tout en le guidant, le renseignent. Car le périple a duré si longtemps que des nations mêmes se sont constituées. "Adam, voici la France. Adam, voici l'Allemagne. Adam, voici l'Italie." A chaque fois, Adam s'extasie devant les changements survenus. Les mille anges poursuivent: "Adam, voici l'Algérie. Adam, voici le Yémen..." "Ah! Là, ne vous fatiguez pas. Rien n'a bougé depuis que je les ai quittés!"
Vous ne riez pas? Les Irakiens, eux, se gondolent. Au milieu des drames quotidiens, la poilade occupe un temps non négligeable dans les conversations. Et les auteurs des blagues sont rarement ceux à qui l'on prêterait des talents comiques. Quand un représentant du clergé chiite vous explique doctement pourquoi il ne peut investir le champ politique, hormis pour coucher avec sa femme, forcément, ça surprend! Les exemples seraient trop nombreux pour être rapportés ici. Mais sachez qu'il ne vaut mieux pas être Libyen en Irak, vous seriez la cible de choix de toutes les bouffonnades. Car le Libyen est le "Belge" du Moyen-Orient, le benêt qui n'entend rien à rien. "Vous êtes au courant qu'en Libye, il est écrit sur les canettes: "Ouvrir par le haut"?" Eclats de rire de la tablée. Ben oui, quoi, c'est un Libyen! Ah! D'accord.
Bon, évidemment, l'histoire drôle est une affaire hautement culturelle. Prenez cette autre anecdote, narrée par Mohamed Al Karaishi, notre guide et professeur, alors que nous franchissons le Tigre au sortir de la zone verte. Il désigne le palais de Saddam tout proche: "Mon frère a travaillé comme garde du palais, à l'époque de Saddam. Un simple soldat. Un jour, il aperçoit un jeune homme qui saute dans le fleuve, aux abords de l'enceinte du palais. On se précipite, on plonge et on le ramène sur la rive avant qu'il ne se noie. Le pauvre a tenté de se suicider. Eh bien, les forces de sécurité l'ont torturé pendant des heures, pour lui faire comprendre qu'on ne doit pas faire ça devant le palais de Saddam!..."
Il y a en Irak, parfois, un court chemin du rire aux larmes.
23:03 Publié dans Reportage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : irak
Commentaires
Je pense que les Libyens au sujet de ces histoires n'est pas si drôle. encore plus drôle sur les Américains
Écrit par : research paper writing service | 21/07/2011
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